Dans les coulisses d'une classe inverséeEpisode 4 - La formation académique
La formation
Voilà enfin venue la formation professionnelle sur la classe inversée.
Que les parents se rassurent, non non les absences des enseignants pour formation ne sont pas des vacances. Même si pour celle-ci, il est vrai que la bonne humeur et le plaisir à la suivre pouvaient donner l'impression de ne pas travailler. Et pourtant, pas une minute de relâche et que d'heures productives ! Quelque part, c'est le rêve de tout enseignant de faire travailler et apprendre d'une manière joyeuse et non contraignante. Et, on peut dire que les formateurs de ce stage ont ce petit truc magique en eux... en tous cas vis-à-vis de leurs stagiaires !
L'intitulé du stage n'était pas forcément alléchant pour un allergique du numérique et réfractaire au changement, mais révélateur sur ce qui nous attendait :
Il s'agissait ici d'une formation de deux journées, animée par 4 jeunes enseignants-formateurs punchis qui ont l'expérience du terrain et des élèves. Ils ont l'habitude d'utiliser les outils numériques pour leurs activités pédagogiques et de pratiquer la classe inversée avec leurs élèves respectifs depuis plusieurs années. Ils savent donc de quoi ils parlent et leur expérience leur donne recul et crédibilité.
L'apprentissage des outils informatiques
Ils étaient donc 4 à animer ce stage avec 4 façons de pratiquer, même si dans les grandes lignes, le fond est le même. Pendant deux jours, ils se sont alternés et complétés pour élargir nos horizons et nous montrer d'autres façons de pratiquer le travail hors la classe avec les élèves, tout cela, en étant en cohérence avec le monde qui bouge et les nouveaux outils numériques désormais à notre disposition... à condition toutefois de savoir les utiliser ! ... ce qui n'était pas encore mon cas.
En nous mettant dans des situations concrètes, ils nous ont plongés dans l'univers des classes inversées. Les activités proposées, riches et enrichissantes nous ont initiés et familiarisés à l'utilisation de plateformes numériques de travail, nous ont appris à créer et diffuser des ressources (avec les fameuses capsules vidéo) et nous ont donné des pistes pour suivre les élèves hors la classe (questionnaires en ligne)...
A la fin de la première journée, je ne tenais pas encore solidement ces outils en main et je sentais qu'il me faudrait un peu de temps pour les maîtriser efficacement avant de les mettre à disposition de mes élèves. En même temps, je prenais la pleine mesure de tout le potentiel et toute la valeur ajoutée qu'ils peuvent apporter aux élèves mais aussi à moi en tant qu'enseignante.
Ce que j'ai retenu du stage
L'ouverture d'esprit et le partage
L'alternance d'exemples, d'échanges et de travaux pratiques que les formateurs nous ont proposée a été efficace. Elle l'a été d'autant plus qu'ils ont été sincères et n'ont pas cherché pas un seul instant à cacher les difficultés et problèmes rencontrés : il y a un travail conséquent pour l'enseignant en dehors des cours, la mise en place ne se fait pas du jour au lendemain... Cette franchise a permis tout au long du stage de libérer la parole des professeurs présents et d'apporter des solutions (ou des béquilles) à chaque obstacle que chacun d'entre nous rencontrait ou s'imposait inutilement.
Les enseignants qui pratiquent la classe inversée ont ce point commun d'ouvrir leurs classes : ils ouvrent leur classe concrètement en laissant la possibilité aux enseignants qui le souhaitent d'assister à leur séance. Ils ouvrent également leur classe virtuellement en mettant bien plus volontiers leurs ressources en ligne. C'est un risque à prendre que de dévoiler ses pratiques et de s'exposer avec ses bons points... et ses coquilles. Mais finalement qui n'en fait pas ? Et puis, c'est bien l'esprit des mathématiques que d'avancer en tatonnant, par essai-erreur... si l'erreur est constructive pour les élèves, elle l'est aussi pour les adultes !
Il n'y a pas de modèle unique
Un autre atout de cette formation a été l'écoute et l'humilité des formateurs ; ils ne prétendaient pas détenir LA recette et ont laissé la place à des témoignages de professeurs pratiquant aussi à leur façon la classe inversée. C'était très intéressant par exemple de découvrir la façon dont un professeur de lycée l'avait mis en place avec ses classes et les effets que cela avait eu sur les lycéens en terme d'efficacité dans l'acquisition des connaissances et dans leur autonomie.
De plus, ce témoignage montrait une fois de plus qu'il n'y a pas qu'un seul type de classe inversée mais probablement autant que de personnalités d'enseignants, voire d'élèves. C'est très rassurant de savoir qu'on peut chacun s'approprier et l'adapter en fonction de son public (âge, niveau, ...), de son équipement, de son contexte.
Un outil pour booster l'activité des élèves
S'il existait une recette magique dans l'enseignement, ça se saurait et le décrochage scolaire serait éradiqué. La classe inversée est un outil parmi d'autres (qui peut d'ailleurs s'alterner avec des cours traditionnels). Une constatation commune à tous ceux qui la pratiquent, c'est le plus grand engagement des élèves dans l'activité mathématique et la diminution d'élèves décrocheurs.
Deux raisons parmi d'autres à cela. La première vient du fait que les capsules vidéos attirent peut-être plus la curiosité des élèves et qu'elles peuvent être revisionnées autant fois que nécessaire surtout au rythme qui convient le mieux à l'élève (ce qui n'est pas le cas, lorsque le professeur rédige le cours au même rythme pour tous en classe).
La deuxième raison provient sans aucun doute du fait que le professeur est présent face à l'élève au moment le plus opportun de son apprentissage : dans la recherche des exercices et non pas dans la recopie du cours (un élève n'a pas besoin de la présence physique de son enseignant pour recopier, il en a bien davantage besoin quand il coince dans un exercice)
Une évolution du rôle de l'enseignant dans un monde en perpétuel mouvement
Aujourd'hui, le monde bouge très vite et le savoir est accessible en un clic. Par ailleurs, les sciences neuro-cognitives font des avancées majeures. Chaque jour, on en sait davantage sur le fonctionnement du cerveau et sur les façons de faciliter les apprentissages. A la lumière de ces découvertes et évolutions, le rôle de l'enseignant doit changer et la classe inversée est un des outils qui permet d'en tenir compte entre autres en rendant l'élève plus acteur de ses apprentissages.
Un facteur indéniable de réussite
Enfin, après une journée de formation, un facteur évident de la réussite des classes inversées est commun finalement à toutes les méthodes pédagogiques : ce sont la passion, l'enthousiasme et la conviction dont font preuve ceux qui les mettent en place. Et, là, très clairement les formateurs enseignants présents sont grandement passionnés par leur métier avec une envie profonde de faire réussir leurs élèves et de leur faire aimer les mathématiques. Mieux encore, ils ont réussi à nous transmettre leurs bonnes ondes.
Cette clé-passion-là est clairement importante. Une méthode aura beau être la meilleure qui soit avec les meilleurs résultats, si celui qui l'utilise n'a pas l'énergie et n'est pas convaincu par ce qu'il fait, ce sera un flop.
En résumé
Au terme de la première journée de formation :
1- J'ai acquis les compétences techniques qu'il me manquait.
2- Je suis définitivement convaincue par le principe de la classe inversée et les bénéfices que ça pourrait avoir sur mes élèves.
3- ... et je suis consciente du très gros boulot qui m'attend ! Va falloir encore plus retrousser les manches !
4- Heureusement, les 4 formateurs ont dopé ma mativation pour franchir le pas.
5- Le plus dur reste à faire : se lancer et casser les barrières mentales que je me suis imposée.
6- Ne pas tomber dans le piège : ne pas attendre que ce soit parfait, le faire tout de suite et maintenant !