Evénements professionnels
17es Journées de l'OPPE
Tous apprenants !

De quoi s'agit-il ?

L'OPPE est l'Observatoire des Pratiques Pédagogiques en Entrepreneuriat. C'est un programme qui a été fondé en 2001 par les pouvoirs publics. Il s'agissait de "connaître les dispositifs entrepreneuriaux mis en place dans l'appareil d'enseignement secondaire et supérieur. Aujourd'hui, c'est surtout un outil de mutualisation, de promotion et d'échanges autour des pédagogies entrepreneuriales au service des établissements, des enseignants, des étudiants, des réseaux d'accompagnement à la création d'entreprise et des institutions".

Cette 17e édition des Journées OPPE (JOPPE2018) ont été co-organisées par l'Agence France Entrepreneur avec le concours de l'Université Paris Nanterre (qui les accueillait), PEPITE PON et I Engage. La thématique retenue "Tous apprenants !" vise à "développer l'esprit d'entreprendre par un apprentissage nouveau qui fait bouger les lignes entre professeurs et élèves", comme le dit, Dominique Restino, Président de l'AFE, pour cela il s'agit d'"apprendre les uns des autrs et co-construire de nouveaux modes d'apprentissage, essentiels dans un monde en pleine mutation". Les tables rondes, hackathon, ateliers, masters class proposées lors de ces deux journées permettront de faire émerger des solutions pour faire évoluer les transmissions de connaissances, susciter les prises d'initiatives, éveiller des réflexions pour rêver, et mieux encore, créer l'école de demain.

Le programme était copieux. Pour ma part, je n'ai pu assister qu'à la deuxième journée déjà très inspirante, dont voici un bref aperçu.

Météo du Hackathon "Rêver l'école de demain"

Par Madjd Yahiaoui, consultant en ingénierie pédagogique et responsable du Master Entrepreneuriat de Paris School of Business et Delphine Carissimo, responsable relations entreprises chez HEMISF4iRE Design School.

Depuis la veille, en parallèle des différents ateliers et tables rondes, des lycéens et étudiants participent à un hackathon autour de la thématique "rêver l'école de demain". La mixité et la diversité sont au coeur des équipes de 5/6 personnes toutes d'établissements différents.

Lors de cette météo du Hackhaton, Madjid Yahiaoui et Delphine Carissimo font part d'un bilan des travaux des jeunes participants. Deux choses sont certaines : la météo est très ensoleillée et 4 thèmes sont revenus dans les différents groupes

1- L'ouverture de l'école. 

De ce qu'il ressort des groupes de Madjid Yahiaoui, l'école doit s'ouvrir sur l'extérieur et repenser ses espaces de travail. Il faut plus d'ouverture et de lien. Delphine Carissimo confirme la nécessité d'une porosité entre les personnes et de sortir de l'enceinte scolaire pour faire l'école ailleurs.

2- La quête du sens, du goût d'apprendre, du plaisir, de la joie, du bien-être.

Il ressort que 75 % des élèves ne veulent pas aller à l'école. Comment développer l'empathie et le bien-être ? Le goût d'apprendre et d'enseigner, la quête du sens reviennent au même titre que l'envie d'innover et de faire autrement. Pour cela, il semble assez clair qu'il est nécessaire de mieux outiller les enseignants.

3- Le co-enseignement avec les jeunes.

Ce troisième thème commun met en valeur le co-enseignement avec les jeunes, mais aussi avec les entreprises et les familles. Madjid Yahiaoui rapporte que les jeunes veulent apprendre par eux-mêmes. Ils veulent avoir la liberté d'apprendre à la carte (finis les programmes !)

4- L'évaluation.

Le dernier point comun abordé concerne l'évaluation. Comment évalue-t-on ? A-t-on besoin de le faire ? Evalue-t-on les compétences ou les connaissances ? Il faut faire évoluer les postures des élèves mais aussi celles des enseignants. Le débat Evaluation vs Notation est sur le tapis. Les jeunes veulent évaluer les objectifs à atteindre.

Tout cela met en appétit ! Vivement la présentation orale des jeunes dans quelques heures pour en savoir davantage ! Patience !

Table ronde : "Imaginer l'école de l'entrepreneuriat"

Intervenants : Anaïs Pretot, Directrice Générale de Live Mentor, Caroline Verzat, professeur associé chez ESCP Europe, Sébastien Aubry, Directeur Général Convergence entrepreneurs MDE

Animatrice : Emilie Vidaud, journalise Tech/Business

Grand témoin : Jean-Charles Cailliez, hacker pédagogique et manager de l'innovation, HEMIsF4iRE Design School

Au programme de cette table ronde, plusieurs problématiques autour de l'école de l'entrepreneuriat : comment les nouvelles pédagogies permettront d'exploiter au mieux les compétences des apprenants, de les faire évoluer et de les adapter aux nouveaux métiers ? Comment former des citoyens enrtepreneurs de leur vie pour affronter les nouveaux défis économiques du 21e siècle ?

Anaïs Prétot a apporté des éléments de réponse concrets en s'appuyant sur son parcours et la création de Live Mentor, son Ecole pour entreprendre, reposant sur 3 choses qui lui a manqué : 
- l'approche du dernier kilomètre (finies les études en 2 ans, vive le "compte-goutte" spécifique sur plusieurs années)
- l'accès à quelqu'un qui l'a déjà fait (pas besoin de prof mais de mentor : il s'agit de passer du professeur qui transmet au coach qui pose de bonnes questions)
- le besoin de s'insérer dans un groupe qui l'a déjà fait (apprentissage par les pairs).

La technologie permet de faire une approche communautaire avec triple visée : pouvoir regarder quelqu'un qui est en avance sur soi, apprendre en même que quelqu'un et transmettre à quelqu'un qui est en train d'apprendre.

Caroline Verzat a, quant à elle, décrit une expérimentation qui vient de Finlande avec un cursus de 4 ans par un apprentissage par l'action et de sa déclinaison à l'EM de Strasbourg avec son Bachelor sur 3 ans. Les étudiants n'avaient pas de cours mais que des projets. Chaque semaine, ils se retrouvaient autour d'un coach sur une demi-journée pour un retour réflexif. C'étaient également à eux de trouver les personnalités pour rencontrer les équipes apprenantes, devaient lire et faire des retours sur leurs lectures... Bref, un environnement capacitant, mieux un environnement émancipant : l'étudiant était un acteur qui se transformait lui-même, qui transformait ses relations aux autres et qui transformait le monde. Hélas, ce projet si inspirant n'a pas été pérénisé. Peut se poser la question de savoir pourquoi de tels projets ne perdurent pas en France alors qu'ils se développent partout en Angleterre, en Espagne...

Avant de laisser la parole à Jean-Charles Cailliez, Emilie Vidaud soulignera que l'école de l'entrepreneuriat n'est pas à imaginer. Elle existe déjà et il faut la mettre en marche. Pour le grand témoin, il faut donner le goût d'essayer pour donner une part de liberté aux jeunes. Il est important que les étudiants soient entrepreneurs de leurs pacours... 

Agora pour découvrir 11 méthodes pédagogiques

La table ronde à peine terminée, la matinée s'enchaîne avec l'Agora, un espace dédié à la découverte de 11 méthodes pédagogiques, d'outils pédagogiques et techniques de créativité. Le format adopté est celui d'un speed-meeting avec une rotation des ateliers toutes les 30 minutes. Le calcul est vite fait : le timing permet de découvrir 3 de ces méthodes.

Méthode n°1 : Les cogni'classes, par Jean-Luc Berthier

Ancien proviseur et responsable de formation des personnels de direction, Jean-Luc Berthier est spécialiste en sciences cognitives de l'apprentissage et de la formation. Il est créateur et coordonnateur de l'Equipe "Apprendre et former avec les sciences cognitives". 

Pour cet atelier, Jean-Luc Berthier a très brièvement présenté les cogni'classes en 4 points : 

  • apprentissage et formation du CE2 au post bac
  • neurosciences cognitives : gestion de la mémoire, compréhension, attention, implication
  • expérimentation
  • équipe et éthique : 40 collaborateurs, 2000 enseignants et 20000 apprenants

Puis, il a laissé libre cours aux questions des participants qui pris de cours n'ont pas pu alimenter tant que cela.

Méthode n°2 : Improbable, par Sylvain Bureau

Après l'avoir entendu au CAE de fin novembre, j'avais hâte d'en savoir un peu plus sur cet Art Thinking appétissant. Même si à la dernière minute, Sylvain Bureau n'a pas pu être présent, il fut remplacé par une collaboratrice très convaincante pour expliquer cette méthode qui consiste à créer de l'improbable avec certitude et qui fait le parallèle entre l'entrepreneur et l'artiste. La formule est un séminaire de 3 jours dont l'objectif est de créer une oeuvre d'art contemporaine pour un vernissage en fin de séminaire. La méthode se déroule en 6 temps : donate / deviate / destroy / drift / dialogue / display. Les résultats sont étonnants et épatants. Ils donnent envie 

Méthode n°3 : Apprendre en inversant-renversant sa classe, par Laurence Drouelle

Impossible de ne pas aller jeter un coup d'oeil à cet atelier de Laurence Drouelle, très active dans deux associations que nous avons en commun 100 000 entrepreneurs et Inversons la Classe ! Sa façon de concilier classe inversée et classe renversée m'intéresse d'autant plus que je suis convaincue que les deux sont complémentaires.

Sa présentation punchy et très claire a permis de découvrir les raisons de son passage à ces méthodes, d'exposer ses démarches pédagogiques et ses méthodes de travail en classe, de distinguer les moments dans et hors-la-classe, d'évoquer les interventions extérieures mais aussi de présenter les usages et les outils à mettre en oeuvre car non les classes inversées ne sont pas synonymes exclusifs du numériques. La fin de présentation sur les temps d'apprentissage (apprendre à apprendre, apprendre à collaborer et apprendre à mémoriser) et sur les rituels de début de séance pour la mémorisation maintenaient l'attention des participants au top niveau. Intéressantes aussi l'évolution des réactions des élèves qui chaque année passent par une période de déstabilisation peu agréable mais nécessaire car une fois passée, elle devient une clé de l'apprentissage qui les fait grandir et gagner en autonomie.

Présentation des projets du Hackathon 

Retour tant attendu maintenant dans l'amphithéâtre pour la présentation des travaux du hackathon. Un bien délicieux moment où chaque équipe disposait de 7' pour faire un pitch de leur projet. Let's go :

Equipe n°1 : Les entreprojecteurs

Problématique : Comment redonner du sens aux apprentissages au collège et en particulier en 4e ?

Equipe n°2 : Schola Nova (pour une école modulable)

Problématique autour du décrochage scolaire.

Equipe n°3 : Joue mon rôle

Problématique autour des phobies et anxiétés scolaires, sources de perte de confiance de soi.

Equipe n°4 : Les visionnaires

Problématique : comment donner envie d'aller en cours ?

Equipe n°5 : Sixième sens

Problématique autour de l'autonomie à l'école : "L'école des ados, pour les ados, par les ados".

Equipe n°6 : Les magiciens ("de notre chapeau, on ne sort pas des lapins, mais des idées innovantes !")

Problématique autour de l'utilité du brevet des collèges.

Equipe n°7 : Team P to P

Problématique autour de classcraft dans un lieu formé de guildes.

Equipe n°8 : Les libres penseurs

Problématique pour réinventer la classe de demain et autonomiser l'élève en trois mots clés : liberté / égalité / fraternité.

Chaque équipe a appuyé son pitch d'une présentation imagée exposant un état des lieux, une problématique, des propositions toutes aussi éclairantes et inspirantes les unes que les autres pour remédier aux problèmes exposés. Un moment très rafraîchissant et prometteur. Nos jeunes sont motivés, ont des idées et la volonté de les mettre en place. Bravo !

Allocution de clôture, remise des prix et déjeûner network

Après une interminable allocution de clotûre (bravo aux jeunes pour résister à une si longue attente), la remise des prix a sonné. And the winner are... la Team P to P.

Bravo à tous ces jeunes et merci aux organisateurs pour ces très belles JOPPE2018 ! Rendez-vous en 2019 !