Une approche tête-coeur-corps des apprentissages
Activités CPS pour favoriser l'estime de soi

Le rituel d'entrée en classe des défis

Cette année, chaque cours commence par un petit rituel (moins de 5' pour la totalité d'une trentaine d'élèves). Pour pouvoir entrer en classe, un petit défi est à résoudre par chacun des élèves. Cela peut être un défi mathématique ; et incroyable mais vrai ! les élèves pourraient ne pas jouer le jeu pour ne pas rentrer en cours, mais non non, ils relèvent à chaque fois le challenge, s'agglutinant même devant la porte pour avoir leur question (NB : bien que sur une même thématique, toutes les questions sont différentes). Une émulation joyeuse les fait rentrer dans la bonne humeur en cours, avec en prime une petite réussite en poche. C'est bon pour le moral... et pour la perception des mathématiques.

Mais, là n'est pas le sujet aujourd'hui. Lors du dernier cours de la semaine, le défi n'est pas mathématique mais personnel. Vous souhaitez le connaître ? Alors, je vous le lance à vous aussi avant de poursuivre l'article : "De quoi êtes-vous fier-e-s de vous sur la dernière semaine ?"


Le premier vendredi des fiertés

La première fois où j'ai posé cette question aux élèves, j'ai vu pas mal d'yeux écarquillés et interrogatifs... J'ai ressenti moins d'engouement que pour les rituels mathématiques et surtout des "J'sais pas" ou des "mais je suis fier de rien, moi".

Bref, pour un nombre non négligeable d'élèves, c'était difficile d'exprimer une fierté, soit effectivement parce qu'ils ne savaient pas en identifier, soit parce qu'ils n'osaient pas l'exprimer publiquement. Aujourd'hui, le plus dur consiste à se lancer.

Ce n'est pas être prétentieux que d'exprimer une fierté pour une action réussie ou avec des effets positifs. Il est important d'apprendre à nos élèves à goûter à cette émotion agréable qu'est la fierté : c'est un des leviers pour développer l'estime de soi et entretenir la motivation. Alors OUI, chaque vendredi, le cours commencera en fêtant ses réussites de la semaine.


Le deuxième vendredi des fiertés

Au deuxième vendredi, les élèves avaient compris qu'ils n'y échapperaient pas. Pour ne pas les "brimer", j'ai accepté toutes les réussites personnelles, y compris les bonnes notes. Car, majoritairement, ce jour-là, ce que les élèves ont voulu fêter, c'était cela, leurs bonnes notes dans telle ou telle matière. Une fois que tout le monde fut rentré, on s'est félicité d'avoir autant de belles réussites et pour le fait que tout le monde avait réussi à en trouver au moins une. L'entraide a aidé. Et puis, on s'est mis à discuter sur le sujet des notes.

D'abord, un 8/20 est-il une réussite ? Ah ! débat.

Ensuite, vaut-il mieux se féliciter d'une bonne note ou des moyens mis en oeuvre pour l'obtenir ? On rentre maintenant dans le vif du sujet ! On touche du doigt la notion d' "état d'esprit de développement" et d' "état d'esprit fixe". L'état d'esprit de développement est basé sur la croyance que l'on peut développer nos qualités fondamentales par nos efforts et l'entrainement. Les personnes qui ont cet état d'esprit considère les échecs et les obstacles comme la base du succès et des apprentissages. À l'inverse, l'état d'esprit fixe est basé sur la croyance que la capacités sont prédéterminées et impossibles à changer. L'échec est perçu négativement comme une absence de talent et d'intelligence. Comme je cherche à développer l'état d'esprit de développement de mes élèves, je glisse une petite contrainte pour la suite des vendredis des fiertés : plutôt que d'exprimer sa fierté pour ses notes, et si on exprimait sa fierté sur les moyens ou les efforts mis en oeuvre pour les obtenir ?

Autre question : la réussite des uns peut-elle être une réussite des autres ? Ah ! bonne question et on revient à notre 8/20 ! Les élèves arrivent vite à trouver une réponse collégiale.

Ou encore : les réussites doivent-elles être uniquement réservées au domaine scolaire ? Ben non, certains n'ont pas attendu pour exprimer leur fierté à avoir aidé un camarade, à avoir progressé en souplesse à la danse, à s'être levé ce matin (et oui, pour certains ce n'est pas toujours si simple !) etc. Génial ! Bravo !


Le troisième vendredi des fiertés

Aujourd'hui, je suis bien curieuse de voir ce qu'ont donné les petites graines semées. Les premières élèves qui arrivent sont très souriantes et pressées de rentrer ! Je m'étonne : "Mais qu'est-ce qui vous arrive aujourd'hui ?". Au tac au tac, elles me répondent "Mais madame, c'est les fiertés aujourd'hui !", et j'entends un élève qui arrive derrière "Ah oui, c'est trop bien ça !"

Bon, ben, j'ai d'entrée de jeu quelques éléments de réponse et je me réjouis de voir à quel point ils ont changé en 2 séances leur façon d'aborder ce défi. Chacun a sa fierté et sur l'ensemble, maximum 5 ont du citer leur note. Une belle évolution qualitative de leurs fiertés surtout pour les élèves qui rencontrent des difficultés dans leurs apprentissages. C'est chouette de les entendre.

Le vendredi des fiertés semble bien adopté par les élèves et n'a pas l'air prêt de disparaître.

Vivement la suite !


Mise à jour le 06/10/2023